Un peu après, Musée Pierre Noël St-Dié, Daniel Grandidier
Nature, histoire et art sont réunis sous un même toit au musée P. Noël, aspects divers d’un patrimoine à l’échelle d’un terroir. Dans son exposition Jean François Chevalier œuvre avec les trois mêmes éléments. Il ne s’agit nullement d’une coïncidence. L’artiste fréquente en effet depuis longtemps notre région et c’est à l’unisson de ce terroir qu’il a élaboré une vaste installation constituée de plusieurs médiums : peinture, gravure ,sculpture, pigments. Non loin de Gérardmer, à Barbey-Seroux, un glacier nous a laissé une moraine, un fascinant « Champ de roches » comme on l’appelle dans ce pays d’agriculture pauvre ; Jean François Chevalier en a tiré une série de gravures qui lui tiennent particulièrement à cœur. Ce legs de la nature nous renvoie aux temps préhistoriques, à nos Vosges parcourues par d’étendues langues de glace. Les veines de marbre rencontrées à Rome ont également profondément marqué l’esprit de Jean-François Chevalier ; Il en est sorti les tentures qu’il a composées spécialement pour le cloître de la cathédrale ainsi que les toiles tendues présentées au musée. La sculpture – totem constituée d’une boule de granit sur un socle de grès rose, les deux « roches » emblématiques des Hautes-Vosges, les pigments minéraux et végétaux utilisés sur la boule de granit comme dans un long « dépliant » de sept mètres, sont d’autres hommages à la nature. Les boules de tissus cousus et teintés transportent « le Champ des roches » lui-même jusqu’au cœur du musée. Boules façonnées par la main de l’Homme en écho avec les boules erratiques. Le magnifique cloître gothique de la cathédrale que Jean-François apprécie particulièrement lui a inspiré ses grandes tentures de textures diverses et peintes. La galerie occidentale à laquelle manque tout un alignement de travées reçoit là un « achèvement » monumental. Référence aux tapisseries médiévales habillant les murs nus des châteaux. Dialogue entre les veines des marbres aperçus dans Rome et les lits de grès rose bien ajustés des remplages du cloître déodatien. Dialogue entre les motifs dessinés par la nature, le travail des bâtisseurs médiévaux et l’interprétation des veines minérales par un artiste actuel. Dialogue historique entre les temps géologiques, l’Antiquité, le Moyen-Age et aujourd’hui juste « Un peu après ». Dialogue entre nature, histoire et art, dans une approche « totale » et contemporaine d’un terroir.