Tabernacle, Eglise de Custines

Article de journal • 1990

Resplendissante sur le plan liturgique et par ses colonnes renaissance, l’église St Léger de Custines offre de quoi se  »régaler » les yeux. Des peintures de Louis Guingot remises à l’honneur sur les colonnes de la nef, à la nouvelle porte du tabernacle, l’art est ici peint bénit. Une grand-messe venant après celle de la rénovation de l’église a présenté à tous les paroissiens cette porte de tabernacle, une œuvre unique en Europe, fruit de l’imagination de Jean François Chevalier et du savoir-faire des maîtres verriers des cristalleries Daum. Une masse de cristal de 40/60 et de 4 à 5 cm d’épaisseur portant en son entier l’image d’un poisson. Un raccourci pour l’artiste qui aura vu dans cette gravure monumentale, que l’on ne peut s’empêcher de parcourir des doigts, l’insigne de reconnaissance que gravaient les premiers chrétiens dans le sable devenu pour l’occasion cristal. Le symbole y vit ici de ses reflets ramenant par la pensée aux temps ancestraux. Une curiosité aussi que cette porte de tabernacle transparente. Les habitudes ont longtemps condamné le ciboire au secret de l’obscurité ne se dévoilant que le temps des offices. Cette mise en lumière voulue à St Léger ne rompt pourtant pas avec les traditions des premiers chrétiens qui pouvaient par les oculus de verre s’y recueillir sur les restes des premiers martyrs. Unique en Europe. Si l’oeuvre de JF Chevalier mérite d’être soulignée, que dire de la science des maîtres-verriers des cristalleries Daum qui ont planché durant une semaine sur les contraintes de cette création peu ordinaire. Jamais en effet, une masse si importante en volume n’avait été travaillée. Coulée à un peu plus de 1100 degrés dans un moule répondant aux attentes des uns et des autres, la porte subissait un premier refroidissement et une re-cuisson pour porter la température à 480 degrés.Suivait ensuite un long refroidissement durant une semaine entière. Le premier essai ne fut pas le bon et la porte vola en éclats du fait des tensions internes du cristal. Daum ne s’avouant pas vaincu et rompu à toutes les exigences artistiques, plancha à nouveau sur l’épineux problème et réussit une courbe de re-cuisson parfaite donnant une œuvre d’art aussi parfaite . Une œuvre unique en Europe est donc maintenant sous la protection de St Léger.