Graver l’acier, musée du fer de Jarville, Eric Necker

On pourra s’étonner que le musée du fer propose une exposition sur une œuvre d’art alors que sa vocation est d’abord historique. Les raisons qui nous ont amenés à mettre en valeur les lingots gravés de Jean François Chevalier sont pourtant nombreuses. En dehors de l’intérêt artistique que chacun appréciera, l’oeuvre de Jean François Chevalier témoigne du passé sidérurgique de Pompey. Elle représente à sa manière la « mémoire ouvrière » de cette ville. Symbole de la sidérurgie de Pompey, certes, mais chacun sait qu’elle en est la portée…

Pompey c’est aussi l’image de marque de la sidérurgie lorraine avec son prestige, avec ses difficultés, avec ses espoirs. Mais ce n’est pas vraiment la représentation d’un passé désormais révolu qu’a voulu fixer pour la postérité Jean François Chevalier. Pompey et sa sidérurgie sont aussi des prétextes pour symboliser le savoir-faire de « l’homme vulcain » , représentation intemporelle d’un travail si caractéristique de notre société. L’oeuvre s’ouvre aussi sur l’avenir… Le deuxième intérêt de l’oeuvre de Jean François Chevalier est la technique employée pour graver l’acier. L’artiste a utilisé la matière brute et l’a gravée au chalumeau. A ma connaissance, ce sont les seuls exemples de sculptures directes sur des blocs d’acier de quatre à cinq tonnes.

Mais revenons à l’oeuvre en elle-même. Le recueil de gravures en taille-douce est un heureux complément aux lingots gravés. Cette exposition se veut aussi une évocation poétique et historique de Pompey. Le succès de cette exposition sera aussi le succès de tous ceux qui ont participé d’une manière ou d’une autre à sa réalisation. Nous souhaitons que son écho dépasse le cadre local, ce qui serait rendre justice d’une part à l’artiste et d’autre part à son œuvre et son symbolisme si puissant. Que cette exposition soit donc le porte-parole d’un artiste et à travers son œuvre d’un patrimoine régional qui a marqué pendant plus d’un siècle l’histoire nationale.