Piloter une aquarelle, D. Hemardinquer

Article de journal • 2015

Une œuvre de JF Chevalier reproduite sur la voiture de course conduite par son fils Xavier.

Entre Xavier Chevalier et son père Jean François il y a plus que de l’amour filial : il y a aussi la fraternité du pinceau. Bon sang ne pouvant mentir. Xavier a suivi la voie de son père artiste. Il a effectué ses études aux Arts décoratifs de Strasbourg d’où il est sorti diplômé en 1996. S’intéressant à l’univers de l’art en général et à la régie des expositions, il a travaillé au Fonds Régional d’Art Contemporain d’Alsace avant d’intégrer la Fondation Salomon à Annecy où il est toujours en poste. Parallèlement, le plasticien, aujourd’hui âgé de 43 ans continue à produire. Il s’intéresse aux interventions éphémères, in situ, et aux performances notamment vidéos. C’est également un passionné de courses automobiles. Il a participé à plusieurs rallyes. Devant les aquarelles produites par son père entre 2008 et 2010 a germé une idée lui permettant de réunir à la fois son admiration pour l’oeuvre paternelle et ses propres centres d’intérêt. Il a donc décidé de reproduire l’une des aquarelles de son père sur une voiture de course et de lancer le bolide dans le rallye des Bauges qui s’est déroulé le 11 octobre dernier en Haute-Savoie. Une écurie savoyarde lui a confié une Renault Clio R3 de 250 chevaux sur la carrosserie de laquelle il a appliqué des adhésifs reprenant les lignes d’une aquarelle paternelle. Xavier a installé des caméras pour filmer l’imprégnation du bolide dans les paysages savoyards. Sur 190 engagés, Xavier et son copilote, Stanislas Miguet, ont terminé à une très honorable 90ème place.

UN CLIP DE 4 MINUTES

Mais surtout le but artistique était atteint. Il a piloté l’aquarelle jusqu’au bout du circuit, laissant des traces sur un film qui sera présenté dans sept lieux accueillant l’art contemporain, chiffre correspondant au nombre d’étapes de cette course automobile. Par ailleurs, l’un de ses amis italiens de la société Lumos Production a réalisé un clip de 4 minutes qui circule sur la toile depuis quelques jours. De l’art cinétique porté par 250 chevaux. L’aquarelle de Jean François Chevalier est bien carrossée. Entre celui qui a su si bien rendre hommage aux sidérurgistes en plantant des lingots d’acier dans la Gueule d’enfer et son fils, le lien est si fort que ce qui pourrait les séparer n’est pas plus épais qu’une feuille de tôle.