Comme un lion, D. Hemardinquer

Article de journal • 2015

Les signes de Jean François Chevalier

Tout est signe dans l’oeuvre de Jean François Chevalier. A commencer par sa presse qui servit à six générations de graveurs avant de lui échoir. Elle appartenait à André Jacquemin, artiste et conservateur du musée d’Epinal. Il possédait deux presses et venait de faire un infarctus alors il a décidé de se défaire de la plus lourde à manier. Autres signes ceux que Jean François Chevalier a déposés sur les sites de la défunte aciérie. Ses douze lingots de fonte de 2 m de haut et de 4 à 5 tonnes chacun sont un tribut aux sidérurgistes de Pompey. Les œuvres ont été acquises par le musée du fer et installées au lieu – dit « Gueule d’enfer ». Au cimetière de Blénod-les-Pont à Mousson se trouve sa sculpture rendant hommage aux ouvriers tombés accidentellement dans un four. Signes encore ceux que l’artiste incorpore dans ses sculptures. Après avoir vidé la maison de la grand-mère de son épouse il a sculpté un taureau en glissant un bout de mirabellier du verger pour former le squelette, une crémone de fenêtre servant de museau à l’animal. L’artiste a réalisé une œuvre sacrée pour l’église de Custines. Sa porte de tabernacle en cristal porte le signe du poisson. Un poisson avec une très grosse arête car à la veille de sa consécration par l’évêque le cristal s’est fendu en raison d’un refroidissement trop rapide de la pièce.

«Maudit sacré»

Un enfer pour le créateur. Jean-François Chevalier a aussi une bonne fée sensible aux signes qu’il dispose comme autant de petits cailloux dans son œuvre gravée. Sabine Troncin-Denis qui tient galerie 22 Grande rue à Nancy, a choisi d’exposer jusqu’au 16 janvier, deux séries de gravures enfermées dans deux coffrets recouverts de chamoisine, eux-mêmes conçus par l’artiste. Des animaux «imaginés» peuplent sa série des trente «signes particuliers». Avec «Maudit sacré» il visite un autre bestiaire. Taille -douce, eau-forte, aquatinte, gravure au sucre : il mêle les techniques pour un résultat superbe. Le plaisir est visuel, autant que tactile car les gravures de Jean François Chevalier sont d’un remarquable velouté. Et chaque titre est un poétique mystère qui ne demande qu’à être éclairci. La bibliothèque municipale de Nancy conserve les exemplaires de tête. A la galerie, il est possible d’acquérir tout ou partie de chaque série. Sauvages, ses animaux se laissent immédiatement apprivoiser par l’œil du spectateur.