La fête, André jacquemin
Quelle fête vous nous donnez ami Chevalier en ces dix planches ! Fête puissante de l’eau forte…..Tailles libres, franchement mordues par l’acide nitrique alliées à l’aquatinte d’une rare qualité….. Noirs chantant avec des gris savoureux, des personnages émouvants d’un humanisme vrai…tenue d’une parfaite harmonie pour l’ensemble des gravures et pourtant quelle diversité…
Du tireur à l’arc au joueur de boules observé par ces deux êtres si typés … la promenade et les délicieuses trois pucelles précédant l’émouvant duo… la danse avec ce couple aux étonnantes valeurs soutenu par les badauds fantomatiques…puis la vision de rêve du lancé de ballons…et le grand char surréaliste où le paysage si curieux s’allie à la scène…le théâtre reste l’eau forte la plus chantante de taches , la plus dense peut être de qualités plastiques…enfin la dixième : »le dernier cortège »procession de pauvres acteurs difformes de silhouettes sur un ciel de pluie… descendant dans une côte, se détachant sur le blanc du papier vierge qui suggère la mer qui engloutira tout …vraiment la fin de cette fête au sens le plus tragique…. Alors je crois que par votre œuvre d’une authentique personnalité, aussi picturale que graphique, vous vous reliez aux créateurs géniaux : Goya et Picasso
André Jacquemin Cheyrac en ce début d’été 1979.