Fondre l’aubier, Claude Wild
C’est à notre demande que JF Chevalier a réalisé le travail présenté dans ce dossier. Travail sur commande ? Oui sans aucun doute, car il concrétise une volonté municipale. Une double volonté, celle déjà de ne pas gommer toute trace d’un passé qui a fait le travail et la vie de centaines de familles plus d’un siècle, mais aussi et d’affirmer notre souci de ne pas couper la vie en tranches, de ne pas couper l’homme de ses racines de son travail, de son devenir , de donner à la culture sa place dans le temps et l’espace, dans sa diversité, sa continuité créative. Là, s’arrête la commande et ce que cette demande implique de rigide , d’impersonnel, d’abstrait. La traduire concrètement sans faire un monument du passé a été toute la démarche réussie de JF Chevalier.
Pour l’avoir souvent rencontré tout au long de ces mois de réflexion, de travail de confrontation avec la matière, de dialogue avec les anciens travailleurs de Chavannes-Delattre, je peux dire que ce projet a reçu sa totale adhésion. Il l’a partagé avec tout ce que ce mot veut dire d’étreinte, d’amour. Ce travail est le résultat de cette rencontre de l’enfant de ce bassin et de l’artiste. Dans ce pays de fer, d’acier, de fonte, »à nouveau » il a travaillé le bois. Certes, il l’affectionne. Il aime retrouver sous l’écorce le cœur, le temps dessiné mais aussi les lignes de croissance.
Le bois ,il aime le toucher , le travailler pour lui redonner vie. Pour lui, c’est la matière affectueuse, émouvante mais aussi sensuelle qui abolit le temps, la matière présente à toutes les étapes de notre civilisation. Il n’a pas oublié qu’avant lui, des modeleurs avaient travaillé ce bois qui avait donné vie à la fonte ainsi moulée. Ce mariage du bois et de la fonte , du saule et du bois façonné, des formes géométriques et des formes naturelles. De la pièce à l’ensemble. N’est ce pas là cette constante transformation de la matière, ce rapport de l’homme, à sa pensée, à son action ?
Claude Wild maire de Frouard