Festival Fénétrange, Agnès Gorchkoff
Un homme y va, y revient, cela l’intéresse. Il va ,il vient, y retourne, tourne autour et détourne le tout. Et le « tout tourne » (Blaise Cendars) : la forme, le geste et l’étendue. Il ne décrit pas, il ne trace pas, il ne fabrique pas, il roule, il étend et prétend que c’est sa « transformante compréhension du monde » (Henri Michaux ). Devant nous apparaissent des instants à habiter ou à traverser à notre tour, dehors, dans le paysage. Boules et tentures, autant d’objets hiératiques qui poussent à la promenade… à l’écoute de l’air. Le passage ne s’est pas fait d’un seul coup. Jean-François Chevalier, pas à pas, sans chaos, l’élabore. Comment rentrer dans son existence, sa danse ?
Ainsi , Jean François Chevalier propose la rencontre possible entre la question de la danse et celle de l’espace. Il chorégraphie des lieux, au sens de Ptolémée, des paysages entendus comme « paysages du monde ». Abusivement, il est à l’échelle de la chorégraphie « choro-choré ». Quel rapprochement ? Y-a-t-il une analogie possible ? Il y aurait dans son écriture un rapport tendu entre le mouvement et son inscription durable sur un support ? D’où la question du « tracement ». Le pigment, l’huile, la toile et le fil sont les matières premières. Le peindre, teindre, coudre, coller, tendre et étendre opèrent et permettent d’exprimer ainsi des phénomènes aléatoires. Les touches, taches, factures, coulures, giclées, dégoulinades, filets, brossages, frottis, glacis, drippings, trempages constituent le vocabulaire utilisé dans les processus et en aucun cas un système de transcription codifié. Il en résulte une relation entre une inscription de traces sur un support (une écriture) et d’autre part des formes contenues dans ou exprimées par le mouvement lui-même ; Il interroge le statut des formes et de leur mobilité intérieure et donne lieu au vif du mouvement vivant et baroque.