Célébration, Mât de Cocagne et ses engins, Alexandre Bohn
Depuis quelques années et parallèlement à son travail de gravure, Jean François Chevalier se conforme à la tridimensionnalité tout en dérogeant à la tradition sculpturale. Il recouvre de groisil de cristal des objets qui perdent ainsi leur apparence initiale et leur usage habituel Leur nouvelle gangue rugueuse tient la main et le corps à distance. Le matériau, coloré et chatoyant, les dote en revanche d’une présence visuelle accrue et inédite. Le cristal peut être considéré comme un symbole de raffinement et de luxe. Il évoque les fastes et les fêtes et sa brillance colorée à l’état de brisures, des pierres précieuses. D’emblée, ce matériau contraste avec la rusticité des villages des alentours qu’avec la nature des objets -simples ou laborieux – empruntés aux villageois par l’artiste. Leur apparition au détour d’un sentier, ainsi transfigurés , à quelque chose de féerique. Par ailleurs, la reconstitution d’un grand mât de cocagne, transposé à l’écart des villages et intégralement paré de groisil, étincelle également de mille feux mais cantonne les réjouissances conviviales et ludiques qu’il évoque dans le passé et pointe le présent comme interdit et désenchanté. Le groisil de Jean François Chevalier actualise les objets qu’il recouvre quels qu’ils soient, tout en les rendant inutilisables. Aussi « Le mât de cocagne et ses engins » optiques et non haptiques, stigmatisent-ils la passivité consommatrice d’effets de paillettes d’une société largement désincarnée dans la relation des individus qui la composent à la peine et au plaisir.